vendredi 1 juillet 2011

La nouvelle vision des arabes est un sinistre avertissement pour l’Occident

Abid Mustafa, traduit de l'anglais

Pendant que le monde débat sur les divers mérites des révoltes arabes - est-ce que les révolutions engendreront un paysage politique alternatif ou non - très peu a été dit sur la façon de voir les choses par les Arabes. Oui, le peuple arabe a appris à devenir intrépide face aux régimes despotiques, mais ceci s’agit plus d’une description de leurs états psychologiques que de leurs façons de voir les choses. Le processus de penser des Arabes a subi une transformation énorme et il est rapidement en train d’atteindre un niveau de maturité intellectuel qui très probablement produira un effet crescendo.

Considérons l’euphorie provoquée par le bannissement de Ben Ali en Tunisie ou l’incarcération de Hosni Moubarak en Egypte. Au début, les Arabes ont en déduit que cela se s’accompagnerait par un changement permanent, un changement qui marquerait la différence avec les systèmes autocratiques actuels et leurs lois draconiennes.

A la place, et en l’espace de quelques mois, les Egyptiens ont compris que le régime avait non seulement survécu, mais avait reçu un nouveau souffle à travers un putsch miliatire. Le traité de paix avec l’état juif, méprisé par la majorité des Egyptiens, était resté intact. Les militaires, jadis les piliers de cette révolution, sont passés subitement de héros à traîtres. La torture, l’emprisonnement sans être jugé, les enlèvements par les forces de sécurité, les exécutions extrajudiciaires et les conflits sectaires, tous répandus sous Moubarak, sont retournés hanter les Egyptiens avec une nouvelle vigueur. Les protégés occidentaux préparés lors de leurs exils et présentés comme des alternatives viables au statu quo furent aussitôt répudiés par les masses. Ceux qui étaient étiquetés 'Islamistes', jadis désirés par les croyants, sont maintenant ridiculisés pour paraître plus laïques que les laïques! L’enthousiasme du public pour les réformes constitutionnelles et l’élection présidentielle s’est estompé.



L’expérience tunisienne est également très similaire. En regardant plus loin, la même chose peut être dit au sujet du Maroc, de l’Algérie, de la Libye, de la Jordanie, de la Syrie et de certains pays du Golfe. Le scénario avant et après la révolte est resté le même pour les Arabes. Pour eux, le monde arabe est gouverné par des élites pro-occidentales qui sont plus intéressées par la préservation des intérêts coloniaux occidentaux que par la libération des masses arabes de la tyrannie.

Néanmoins, il semble maintenant que toute tentative occidentale à orchestrer un changement politique dans les pays arabes est instantanément rejetée et renvoyée. L’esprit arabe dormant est finalement éveillé et il est en train de produire des résultats qui sont diamétralement opposés à la longévité et à la suprématie occidentale au Moyen-Orient.

On peut soutenir qu’au cours des quatre-vingt-dix dernières années, l’ampleur et la profondeur des problèmes touchant les Arabes se sont accrues. La destruction du Califat en 1924, l’occupation occidentale des terres Islamiques, la création de l’état juif en 1948, les deux guerres du Golfe, la guerre contre le terrorisme et la réoccupation des terres arabes ont toutes laissés des traces indélébiles sur le psyche arabe. Ces sentiments profonds d’humiliation, d’indignité et de violation des valeurs Islamiques ont poussés les Arabes à réfléchir profondément sur leurs situation. Mais l’Occident, à travers les exilés arabes et ses autres représentants dans le monde arabe, a nourri les masses d’un régime de pensées occidentales corrompues afin de troubler les gens et les empécher d’arriver au correct jugement au sujet des évènements qui les marquaient. Par conséquence, le processus de penser ou cycle de réflexion - c’est à dire d’abord ressentir les problèmes, ce qui demande pouvoir établir un lien et contempler, puis ensuite émettre un jugement - était soit brisé ou soit faussé en faveur d’interprétations occidentales. Pour la majorité des Arabes, ceci avait résulté en une paralysie intellectuelle et une stagnation des sociétés arabes. Coupés de leurs sentiments naturels, les Arabes étaient incapables de produire des solutions domestiques aux problèmes qu’ils rencontraient et ils étaient forcés d’importer les solutions et idées occidentales. Ainsi le processus de penser était temporairement interrompu. Ce qui exacerba la situation était l’adoption de solutions occidentales. Ces solutions résoudaient rarement les problèmes, mais en fait les exacerbaient et parfois, même, les prolongeaient car ces solutions étaient souvent ‘copiées et collées’ sans aucune compréhension réelle de leurs origines et de leurs motivations. Ceci eut pour effet de rendre les Arabes, impuissants, plus dépendants de l’Occident pour leurs problèmes toujours croissant .

De cette manière, l’Occident a été capable de maintenir son emprise intellectuelle sur les Arabes, ainsi que le monde musulman entier, pendant de très nombreuses années. Seule une minorité de musulmans fut parvenu à ponctuer la domination intellectuelle occidentale et à exposer la fausseté de son idéologie. En revanche, la majorité demeura dans une stagnation et s’enfonça dans le gouffre de l’obscurité et du désespoir.

Aujourd’hui, ceci ne semble plus être le cas. Le processus de penser des Arabes n’est plus fragmenté et déconnecté de son environnement. Au contraire, il est vif, en phase avec son environnement et prend réconfort dans son riche héritage islamique. Le temps pris pour véritablement comprendre les évènements est visiblement plus court et la plupart du temps les jugements trouve leurs racines dans la pensée Islamique. La pensée et vision occidentale sont habituellement écartées. A leurs place il y a une nouvelle constellation de concepts et valeurs Islamiques. Les concepts de Khilafah (Califat), Jihad, politique Islamique, Oumma, unité, Shariah et du Khalifah(le Calif, c’est à dire le dirigerant politique unique pour le monde musulman) sont tellement prévalents aujourd’hui qu’il est fréquent de les voir apparaître dans le lexique occidental pour interpréter les évènements dans le monde musulman.

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