La
semaine dernière j’ai participé à un débat sur le future du
Moyen-Orient. Ce fut une réunion animée au quelle ont participé des
intervenants de points de vue extrêmement différent face à une audience
intelligente et décomplexée.
Je
ne m’attendais pas à ce que tout le monde soit d’accord sur les sujets
que nous allions aborder, en particulier sur la nature et le rôle de
l’Islam au Moyen-Orient.
En
revanche, je fus surpris par les opinions polarisées dans la salle
entre, d’un coté, ceux qui cherchent des idées fraiches à comment
pouvoir résoudre une partie des problèmes complexes humains du monde et
les autres qui semblent considérer tout remise en question des normes
contemporaines comme étant non naturelle, infaisable et inopportun. Ce
deuxième groupe semble tenir sacré des institutions telles que l’état
nation, l’économie néolibérale, la politique laïque ainsi que le rôle
d’institutions internationales comme l’ONU, le FMI et la Banque
Mondiale.
Le
point de vue qui favorise sans aucun questionnement la préservation de
l’ordre actuel me semble être incroyable lorsqu’il est présenté dans un
débat (c’est à dire que des participants puissent supporter un tel
argument en donnant des exemples). Bien que je conçoit que ces individus
soient en désagrément avec les solutions que je proposent, il est
difficile de penser que les normes actuelles du monde sont tellement
parfaites qu’elles n’ont pas le droit d’être remises en question dans
aucune question et ce malgré les évidences contraires.
Sur
la question de l’état nation, j’ai mentionné que les frontières
artificielles du Moyen-Orient furent en fait établies par l’accord
secret franco-britannique de Sykes-Picot lors de la Première guerre
mondiale. Ces frontières ont eu pour effet de diviser des régions qui
étaient raisonnablement homogènes pendant des siècles, créant ainsi des
problèmes qui vont au delà des simples disputes de terre. Cette division
des terres a crée d’énormes disparités en termes de démographies,
ressources énergétiques et répartition de l’eau parmi tant d’autres
problèmes. Par exemple, la Libye est un pays avec peu de ressources
agricoles, avec de riches ressources énergétiques et une petite
population (seulement 8 millions) alors que son voisin dont elle a été
séparé, Égypte, a une très grande population, plus de 80 millions
(dont une très grande partie, les jeunes, sont à la recherche de
travail), dispose de terres très fertiles mais manque de ressources
énergétiques, .
L' Égypte dispose de la plus grande population dans le monde arabe et, par
conséquence, les égyptiens sont très souvent forcés de chercher un
emploi dans les industries de la très riche mais peu peuplé péninsule
arabique. Le Yémen, qui est frappé depuis longtemps par la pauvreté a
pour voisin l’Arabie Saoudite qui jouit d’une richesse astronomique. Or
ces deux pays partagent la même langue, la même religion et la même
histoire.
La
préservation du modèle d’état-nation dans le monde musulman semble être
plus contre naturelle surtout lorsque des zones de libre échange et des
unions économiques se développent à travers le reste du monde. La plus célèbre d’entre elles, l’Union Européenne, nous a offert l’enseignement
qu’une zone de libre échange devient un réel succès lorsqu’on résout le
différend sur la question de maintenir une division politique ou de
centraliser suffisamment de souveraineté pour un bon fonctionnement de
l’union. Le commerce prospère avec moins de contrôles aux frontières, en
mettant sur un pied d’égalité les règlementations et tarifs douaniers
ainsi qu’avoir une monnaie commune. Par contre, nous apprenons
maintenant avec le projet européen, que tout cela se fissure s’il
n’existe pas un certain degré d’union fiscale et une centralisation de
souveraineté qui peut être exercée de manière efficace lorsque c’est
nécessaire.
Sur
le thème de l’économie globale: ne pas remettre en question l’ordre
économique néo-libérale - et la culture de cupidité qui l’accompagne, le
capitalisme sauvage spéculatif qui s’avère être tellement instable, ce
système économique fondé sur l’usure et la monnaie fiduciaire (planche à
billet) - serait renier ce que les gens ont assistés à dans les marchés
mondiaux depuis 2008.
Sur
la question de la politique laïque, j’ai fait remarqué que la laïcité
était né de l’histoire particulière à l’Europe où l’hégémonie de
l’ Église catholique fut défiée. L’ Europe a par la suite progressé
lorsque la restriction de l’ Église sur l’expression de nouvelles idées
fut écartée. En revanche, a contrario, le monde Islamique a prospéré le
plus en terme de progrès, d’idées et de civilisation durant l’ère où la
religion était centrale dans la vie de la société. Donc, concevoir les
solutions des problèmes de la planète entière à travers le prisme de
l’expérience européenne est fondamentalement incorrect.
Sur
le sujet des Nations Unis: l’un des participants a loué le rôle qu’a
joué l’ONU en passant une résolution en faveur de l’intervention
militaire contre Kadhafi, mais il fut loquace lorsqu’on lui a remarqué
que c’était la même ONU qui avait nommé, assez extraordinairement, le
régime de Kadhafi à son Conseil des droits de l’homme en mai 2010.
Un
membre de l’audience avait fait la remarque que les Nations Unis, qui
avaient soutenus l’intervention en Libye, n’avait rien fait pour aider
les gens massacrés au Bahrain, au Yémen et en Syrie. En réponse à cela,
un des participants au débat a dit que cette attitude contradictoire
était l’une des anomalies malheureuses de l’ONU. J’ai rétorqué que cela
était absolument faux. Ce n’étais pas une anomalie, mais plutôt
l’exemple d’un comportement cohérent de la part de l’ONU, qui consiste à
seulement agir lorsque c’est dans l’intérêt des nations puissantes
(essentiellement les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité). J’ai
relevé que l’Islam accepte l’idée d’un organisme international,
équitable et impartial, qui permet aux états de dialoguer sur les sujets
communs qui affectent le monde, ou à l’idée de traités entre états,
mais cela est très différent à une organisation dont la raison d’être
est de garantir l’intérêt de certains au dépens du reste et d’imposer
des traités qui leurs sont mutuellement favorables sur le reste du monde
comme étant le “droit international”.
Sur
la question du FMI et de la Banque mondiale, j’ai dit que j’étais
stupéfait que le nouveau chef de la banque centrale libyenne voulait que
ces deux organismes soient en charge de la mis en place du nouveau
système bancaire libyen, alors que leurs interventions économiques à
travers le monde a été un fléau pour de nombreux pays. Une grande partie
de l’audience a partagé mon sentiment d’incrédulité sur ce sujet.
En
mai 2011, le président américain Barack Obama a tenu un discours très
médiatisé à Londres, s' adressant aux deux chambres du parlement
britannique.
Il
a dit “nous vivons dans une économie mondiale qui est en grande partie
celle que nous avons créée. Et de nos jours, la concurrence pour les
meilleurs emplois et industries favorise les pays qui gardent un esprit
ouvert tourné vers l'avenir, les pays dont les citoyens sont les plus
créatifs, innovateurs et dotés du meilleur esprit d'entreprise. Cela
donne aux États-Unis et au Royaume-Uni un avantage inhérent.” Ceci
explique pourquoi les États-Unis ne sont pas plus inquiets de la montée
de la Chine, avec qui les leaders occidentaux cherchent à améliorer les
liens commerciaux. La Chine est le pays qui connaît la croissance
économique la plus rapide au monde, et certains soutiennent même qu’elle
est dans la meilleure position pour défier les États-Unis comme étant
la puissance connaissant la plus rapide ascension. En effet, la dette
que les États-Unis doivent à la Chine est tellement grande que les
américains pourraient être sévèrement ébranlés si Pékin décidait de
poursuivre une politique plus agressive. Mais la Chine défier les
États-Unis voudrait dire affaiblir son plus grand importateur, étant
donné que les États-Unis représente le plus grand matché d’exportation
pour la Chine.
La
préservation de l’ordre mondial actuel est l’un des facteurs clés, si
pas en fait le facteur clé, qui détermine la politique étrangère des
États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Europe.
C’est
pourquoi des régions du monde tel que le Moyen-Orient, qui est en plein
bouleversement et qui recherche une nouvelle vision, se doivent
d’abandonner la mentalité capitaliste; une mentalité qui accepte l’ordre
mondiale qui donne le pouvoir à certains et qui réduit à l’esclavage
les autres.
De
plus, ce n’est pas un hasard qu’une grande partie des économies
émergentes - le Brésil, la Chine, la Russie et l’Inde- sont riches en
ressources naturelle, disposent de grandes populations et peuvent ainsi
concurrencer avec les États-Unis et l’Europe sur les deux plans.
Tout
état qui met en commun ses ressources de telle manière qu’il soit riche
en termes de population et de ressources naturelles, qui essaie de
fonder un système financier plus juste avec une monnaie stable, qui
essaie d’établir un système de dialogue international plus équitable: un
tel état serait celui qui défierait l’ordre mondial actuel qui octroie
aux États-Unis, à l’Union Européenne et au Royaume-Uni un avantage
inhérent.
Comprendre
cela explique mieux la Guerre contre l’Islam, ou comme ils l’ appellent
“la Guerre contre le Terrorisme”. Car la réel menace qu’ils voient en
l’Islam ne vient pas du ‘terrorisme’, de la violence ou des tueries,
comme ils essaient de nous faire croire dans leurs propagandes. La
menace qui provient de l’Islam est son potentiel à défier l’hégémonie
présent d’un ordre mondial qui protège les banques et les banquiers au
dépens du reste du monde. En fin de compte, lorsqu’on regarde même à la
situation des gens ordinaires qui vivent dans les pays occidentaux, on
ne peut que conclure que ce sont seulement les élites du monde qui
profitent de la préservation de l’ordre actuel.
Dr. Abdul-Wahid écrit régulièrement pour New Civilisation.
Il est actuellement Président du comité exécutif de Hizb ut-Tahrir
chapitre Grande Bretagne. Il a écrit également pour les sites de Foreign Affairs, Open Democracy et du magasine britannique Prospect. Il peut être suivi sur Twitter @abdulwahidht et il peut être joint par email à abdulwahid@newcivilisation.com.
traduit
de l’anglais
http://www.newcivilisation.com/home/international-affairs/escaping-the-capitalist-mindset-is-a-prerequisite-for-real-liberation-in-the-middle-east
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire