samedi 17 décembre 2011

Le programme nucléaire iranien: entre rhétorique et réalité

par Adnan Khan

Des fuites ont une fois de plus paru dans la presse faisant état d’une possible attaque aérienne contre les installations nucléaires iraniennes. Ces divulgations ont été ébruité à l’occasion de la publication prochaine du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Bien que j’ai adressé précédemment le problème nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, j’ai pensé qu’avec cette montée de rhétorique il serait approprié de revenir sur le sujet.

Il est bon de rappeler que ce durcissement actuel se produit au moment où le prochain rapport de l’AIEA sera très bientôt publié. Le rapport dira très vraisemblablement ce qu’elle a maintenu dans les rapports précédents, mais cette fois de manière plus explicite, que l’Iran est bel et bien en train de développer activement un programme nucléaire.


Il y a régulièrement une escalade de la rhétorique chaque fois qu’un rapport sur le programme nucléaire iranien est sur le point d’être publié. La quête de l’Iran pour l’arme nucléaire n’est pas nouvelle et, en fait, elle a lieu depuis les années 1960. A ce jour, l’Iran n’a toujours pas testé la bombe atomique car construire l’arme atomique demande un engagement total de toute la nation afin que ses ressources naturelles soient déployées au service cette mission. Il ne s’agit pas d’établir un simple centre de recherche mais en fait d’ériger toute une base industrielle. Un programme nucléaire nécessite des installations longues durées qui sont à forte consommation énergétique et aussi des années de recherche scientifique, des matériaux fissibles et une machinerie industrielle de haute teneur.

Le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) fut mis en place en 1968 et l’Iran le signa en 1968 puis le ratifia en 1970. C’est un fait bien connu et avéré que l’Iran a commencé son programme nucléaire sous le Shah en collaboration avec des entreprises françaises (Eurodif) et allemandes.

Khomeini mit un terme au programme nucléaire lorsqu’il prit le pouvoir en 1979, puis Rafsanjani le relança en 1995 lorsqu’il prit la présidence du pays. Le programme nucléaire continua durant la période réformiste du président Khatami (1997-2005). C’est en 2003, après l’invasion de l’Irak, qu’un nombre d’opposants exilés iraniens rendirent publique ce programme secret. Ils affirmèrent que l’Iran dissimulait ce programme des inspecteurs de l’AIEA. Sur la base de de ces informations, le chef de l’AIEA de l’époque, un certain Mohammed el-Baradei, prépara un nouveau rapport et le présenta à l’AIEA. C’est à ce moment que la crise nucléaire iranienne escalada.

Lors de la présidence de Khatami, en 2003, un ‘protocole additionnel’, ne figurant pas dans le traité de non-prolifération original, fut signé; ce nouveau protocole permet aux inspecteurs de l’AEIA d’effectuer des inspections surprises afin de palier au risque que l’Iran dissimule ses réelles activités lors des inspections planifiées.

En 2004, l’Iran décida de suspendre son programme d’enrichissement de l’uranium comme signe de bon volonté lors des négociations. Mais la troïka de l’Allemagne, le France et la Grande-Bretagne refusèrent de garantir à l’Iran son droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins civiles.

Depuis le début de la crise, les États-Unis ont tout fait pour saboter toute possible résolution. Alors que la troïka européenne était engagé dans des négociations avec l’Iran pour trouver une solution au problème, les États-Unis ont constamment retarder toute possibilité de solution. Lorsque les négociations étaient sur le point d’aboutir, les autorités américaines faisaient une déclaration affirmant sur le ton d’un avertissement implicite que toutes les options restaient ouvertes pour le gouvernement américain - même après que la troïka soit arrivé à faire de réel progrès dans l’obtention d’une solution. En effet, cette crise du nucléaire iranien permet aux États-Unis de réaliser de nombreux intérêts dans la région. Premièrement, ça permet aux États-Unis de montrer à l’Iran qu’elle est prête à employer toute autre moyen si l’Iran ne joue pas le jeu. Le langage belliqueux permet également aux États-Unis de poursuivre agressivement son projet de bouclier de missiles en Europe de l’Est face à la Russie sous prétexte de menace iranienne. De plus, cette crise a crée l’opportunité aux États-Unis d’établir des pactes de sécurité avec les pays du Golfe qui voient en l’Iran une menace à leur sécurité et et qui veulent obtenir l’énergie nucléaire des américains. Ça a également forcé Israël a entrer dans un pacte de sécurité avec les Américains.

Cette escalade de la rhétorique est poussée par Israël ainsi que ceux sur l’échiquier droit de la politique américaine qui ont toujours estimés que l’utilisation de la force militaire était la meilleure réponse pour contrôler l’Iran. Israël a constamment pris une posture agressive face à l’Iran car un Iran équipé de l’arme nucléaire change totalement la balance de pouvoir dans la région en défaveur d’Israël.

Une attaque sur l’Iran nécessite une attaque surprise couvrant une très large superficie. Le problème est que l’Iran dispose de nombreux moyens; par exemple, l’Iran peut causer de graves problèmes aux Américains en Irak à travers ses agents, surtout dans cette phase de retrait des troupes américaines. Les missiles balistiques iraniens (conventionnels non-nucléaires) peuvent atteindre de nombreuses cibles israéliennes et américaines dans la région et, très certainement, un nombre de ses missiles peuvent être lancés avant que ses lance-missiles soient localisés et détruits par les États-Unis, encore moins par Israël.

Mais le meilleur moyen de dissuasion des iraniens est leurs possibilité de mener une guerre de guérilla dans le golfe Persique et dans le détroit d’ormuz emprunté par plus de 30% du transport pétrolier mondial. L’Iran peut déployer des mines navales, des missiles sol-mer anti-navire et des petit bateaux d’attaque. Ceci générerait un impact bien plus important qu’un conflit militaire car si 30% du commerce mondial du pétrole était suspendu, les marchés financiers tomberaient en pleine dégringolade créant une nouvelle récession mondiale. Ceci constitue la réel option nucléaire des iraniens.

En mettant de coté la rhétorique, la réalité est que l’Iran et les États-Unis ont coopéré sur de nombreux sujets qui ont protégés les intérêts américains dans la région. Ceci inclue le soutien à Hamas, au Hezbollah dans le Levant, le renforcement du gouvernement irakien à travers le Conseil suprême islamique irakien ainsi que la stabilisation de l’Afghanistan en soutenant le gouvernement Karzaï. Des contacts officiels entre les deux pays se sont intensifiés depuis la fin de l’administration Bush. L’Amérique a même refusé une requête israëlienne d’attraquer l’Iran. Les États-Unis ont minimisé la démonstration de puissance aérienne d’Israël dans la Méditerranée en novembre 2008 et elle a refusé de vendre à l’état sioniste les bombes GBU-29 qui ont la capacité de détruire les bunkers.

Concernant la menace de sanctions rédhibitoires, aucun régime de sanction est hermétique. Le véritable point vulnérable provient de la Russie. L’Iran est devenu un point majeur de pression pour les Russes dans leur rivalité géopolitique continue avec l’Amérique. Moscou a indiqué à de nombreuses occasions qu’ils se répugneraient pas à utiliser l’Iran comme moyen de pression sur Washington. Moscou a une liste de demande clés qui sont bâties sur la notion que l’Occident doit respecter la sphère d’influence russe dans les territoires ex-soviétiques. Tant que les États-Unis continuent à rejeter ces revendications et à traiter la Russie comme une puissance faible, les Russes refuseront non seulement de participer aux sanctions mais ils pourront réduire à miettes tout le système de sanctions. Le plus les États-Unis sont enlisés dans le monde Islamique, le plus la Russie peut affaiblir les Américains.

Sur le débat de est-ce que l’Iran est indépendant, potentiellement Islamique voir même un état chiite, la réalité est que l’Iran n’est rien de plus qu’un état pragmatique capitaliste séculier sans aucun point de référence cohérent d’où elle peut générer sa politique. L’Iran a évité aux Américains que l’Irak devienne leurs nouveaux Vietnam et, alors que les réformistes ont traditionnellement tendu la main à l’Occident, la vérité est que et les conservateurs et les réformistes sont tous deux à la solde des États-Unis. Les Musulmans de la région ont déjà été manipulé par les Américains comme pions afin d’amener l’Union soviétique à ses genoux. Aujourd’hui, Obama et ses conseillers pensent faire la même chose contre la Russie et la Chine. La Oumma Islamique doit apprendre de ses expériences passées et retourner à la table des grandes puissances en ré-établissant le Khilafah qui poussera ces nations à se battre entre elles afin d’élever la bannière de Laa Ilaaha Ilalaah sur leurs destructions … inshAllah.

source en anglais http://www.khilafah.com/index.php/analysis/middle-east/13015-irans-nuclear-programme-between-rhetoric-and-reality

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