Les
tensions récentes entre les puissances occidentales et l’Iran ont
de nouveau entraîné la région dans une frénésie diplomatique
avec les nations s’empressant de se protéger des conséquences de
la confrontation renouvelée entre l’Amérique et l’Iran sur son
programme nucléaire. Les exercices militaires iraniens assortis de
rhétorique enflammée émanant de Téhéran, ainsi que la présence
de navires de guerre occidentaux, pour appliquer les sanctions dans
le Golfe persique ont provoqué une frayeur internationale.
Sur
fond de menaces iraniennes de fermer le détroit d’Ormuz, le cours
du pétrole s’est envolé et la spéculation est toujours à la
hausse sur l’éventualité d’attaques militaires israéliennes et
américaines sur l’Iran. Par exemple, le secrétaire américain de
la Défense, Léon Panetta, a laissé entendre la possibilité d’une
action militaire dans le cas où l’Iran irait trop loin. Il a
déclaré “Nous devons nous assurer que nous sommes prêts à toute
situation et que nous disposons de toutes les options sur la table.
Nous devons garder toutes les capacités prêtes dans le cas où la
ligne serait franchie.” (Fortes
tensions, les États-Unis avertissent l’Iran de ne pas bloquer le
trafic maritime,
AP
Online, 13 janvier 2012).
Le récent épisode d’affrontement verbal ponctué épisodiquement
de menaces d’actions militaires a tiré la sonnette d’alarme
jusqu’à Moscou et Pékin. Lors d’une conférence de presse, le
ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a mis en
garde contre une attaque sur l’Iran. Il a dit “Je n’ai aucun
doute que ça enflammerait un feu qui se consomme déjà, le feu
latent de la confrontation sunnite-chiite, et au-delà, çela
provoquerait une réaction en chaîne - Je ne sais pas où ça irait
… Sur la possibilité du déroulement ou non de cette catastrophe,
vous devriez le demander à ceux qui en parlent fréquemment.”
(Russie:
Attaque occidentale sur l’Iran serait une “catastrophe”,
Reuters Online du 18 janvier 2012).
Li Song, le directeur général adjoint chinois du Département du
Contrôle des Armes du Ministre des Affaires étrangères, a déclaré
“Une action militaire aurait des conséquences catastrophiques sur
la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Une fois que la guerre se
produit dans la région, non seulement les pays de la région
seraient affectés et frappés, la sécurité énergétique mondiale
et l’économie globale subiraient un coup fatal.” (Attaque
sur l’Iran serait “catastrophique”, China Daily Online, 19
janvier 2012)Cependant, au-delà de l’actuelle montée des tensions militaires, il y a des gestes des deux cotés qui semblent être en contradiction avec les va-t-en guerres à Washington et Téhéran. Le sauvetage de marins iraniens par les Américains et les lettres d’Obama adressées aux leaders iraniens semblent indiquer que l’Amérique souhaite résoudre le problème de manière diplomatique. Commentant la lettre du président américain, Ebrahimi, qui est le président adjoint de la Commission de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères du Majlis (parlement iranien), a déclaré : “Dans la lettre, Obama mentionne la coopération et la négociation sur la base des intérêts des deux pays. Il affirme dans la lettre qu’ils ne prendraient aucune action hostile contre la République Islamique d’Iran. Ce n’est pas la première fois qu’Obama envoie un message et une lettre à la République Islamique d’Iran. Il a parlé à plusieurs reprises sur un ton diplomatique au sujet de la République Islamique d’Iran, mais, dans la pratique, il n’a pas agit de la sorte.” (Les détails de la lettre d’Obama à l’Iran publiés, Téhéran Times Online, 18 janvier 2012) Les iraniens ont aussi répondu avec des gestes cordiaux de leurs parts et ils ont affirmés que les États-Unis avaient le droit d’amener ses navires de guerre dans le Golfe persique. Tout cela nous amène à cette question : Cette crise est-elle sérieuse et conduira à la guerre ou est-elle une crise élaborée pour accomplir des arrière-pensées?
On ne peut pas s’empêcher de remarquer qu’au cours des six dernières années l’Amérique a eu d’amples opportunités d’attaquer les sites nucléaires iraniens ou de mettre en œuvre un changement de régime, mais, à chaque occasion, l’Amérique a soit minimisé la menace iranienne, soit elle a apporté un soutien peu enthousiaste à la population iranienne pour renverser le régime. Certains de ces incidents peuvent être résumés de la façon suivante:
1. En 2005, le gouvernement Bush a rejeté les craintes israéliennes d’un Iran doté de l’arme nucléaire après que la National Intelligence Estimate (NIE) a révisé son évaluation de 2010 à 2015, la date à laquelle l’Iran posséderait la bombe atomique. De plus, et plus important, la NIE a soutenu que l’Iran avait abandonné ses plans de transformer son programme nucléaire en arme militaire en 2003.
2. En 2007, l’ambivalence de l’Amérique à l’égard de l’Iran était une nouvelle fois révélée lorsqu’un autre proche allié, la Grande-Bretagne, trouva ses marins capturés par les forces iraniennes. L’indifférence américaine était délibérée car Washington redoutait que la Grande-Bretagne avait manigancé le fiasco naval afin de fomenter une attaque sur l’Iran.
3. En 2008, l’Amérique a refusé de vendre des versions avancées de ses bombes bunker buster (pour exploser dans les bunkers) à Israël et elle avait minimisé la démonstration de puissance aérienne israélienne dans la Méditerranée, qui fut largement interprété par de nombreux experts comme étant une répétition avant d’attaquer l’Iran.
4. En 2009, les manifestations en Iran ont éclaté contre la réélection d’Ahmadinejad. Les manifestants étaient vivement soutenus par l’Union Européenne, mais le soutien de l’Amérique était au mieux réticent. Le soutien partiel de l’Amérique n’est pas en phase avec le soutien européen au peuple iranien et souligne la réticence de l’Amérique à agir de manière décisive contre le régime iranien.
Mais on peut avancer l’idée que tout cela est du passé, et que les États-Unis se sont finalement laissés convaincre par l’idée d’attaquer l’Iran et ainsi s’occupant des inquiétudes israéliennes. Les partisans de cette thèse apportent plusieurs preuves pour justifier leur position. Par exemple, ils font remarquer l’armement de pointe qui est déployé en Israël ainsi que dans les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe), et les actions clandestines pour saboter le programme nucléaire iranien. Par exemple, le Wall Street Journal a révélé que la Maison-Blanche fournirait des “milliers de bunker-buster de pointe” et d’autres munitions aux Émirats arabes unis, faisant part des efforts accrus des États-Unis de former une alliance régionale pour contrer l’Iran. Une autre source a parlé de 500 missiles air-sol Hellfire en plus d’autres munitions. L’enquête du Wall Street Journal a ajouté que “Le gouvernement Obama essaye de former les six membres du Conseil de coopération du Golfe, qui comprend l’Arabie saoudite, le Bahreïn, l‘Oman, le Qatar, l’E.A.U. et le Koweït, en un contrepoids unifié en opposition à l’Iran. Le journal a rappelé ses lecteurs d’un contrat d’armes de 67 milliards de dollars amorcé par la Maison-Blanche avec l’Arabie saoudite en 2010, qui va se procurer avec cela 84 chasseurs à réaction F-15, des bombes bunker-buster de 900 kilos, 72 hélicoptères Black Hawk, 70 hélicoptères d’attaque Apache Longbow, des missiles Patriot Advanced Capability 2 et d’autres missiles, ainsi que des navires de guerre. Le Wall Street Journal a aussi rapporté les plans du ministre de la Défense des États-Unis de fournir à l’État d'Oman des missiles Stinger et des missiles air-air de moyenne portée.” (Les américains préparent des ventes de bombes dans le Golfe pour contrer l’Iran, Wall Street Journal, 11 novembre 2011). Les médias sont submergés d’articles qui rapportent des actions clandestines israéliennes qui comprend une campagne d’assassinats, d’attentats à la bombe, de cyber-attaques et de défections afin d’affaiblir le régime iranien et d’enrayer les tentatives du pays à développer des capacités nucléaires.
Toutefois, déployer des armes de pointe en Israël, armer les pays du CCG et orchestrer des activités clandestines en Iran ne signifie pas que la cible visée par les États-Unis est l’Iran. Les États-Unis peuvent facilement diriger leurs armements autre part.
De plus, la question la plus importante que les experts oublient de demander est pourquoi les États-Unis risqueraient plus d’instabilité dans la région en attaquant l’Iran.
Il est à noter que l’Iran a joué un rôle essentiel pour assurer l’hégémonie des États-Unis dans la région:
1. l’Iran a amené la stabilité en Irak à travers le régime chiite au pouvoir dont la très grande majorité a été développé et façonné sous la tutelle de Téhéran.
2. Téhéran a également fourni un soutien inestimable aux forces américaines pour empêcher la résistance afghane pachtoune de s’étendre vers l’ouest.
3. L’Iran continue de renforcer le régime de al-Assad en Syrie en fournissant un soutien militaire ainsi qu’en sollicitant le soutien des mouvements et des pays dans la région.
4. L’Amérique a adroitement exploité la menace iranienne en renforçant ses accords militaires avec Israël et les pays du CCG. Ainsi, l’Iran constitue un pilier de la stabilité américaine dans le Moyen-Orient, et les États-Unis a fréquemment tenu l’Iran comme étant le leader du croissant chiite s’étendant du Liban au Yémen et agissant comme son gardien des réserves d’hydrocarbures du Moyen-Orient.
5. L’Amérique a exploité le programme nucléaire de l’Iran pour justifier son bouclier antimissile pour ses alliés en Europe, au Moyen-Orient et dans certaines régions de l’Asie.
Donc, en attaquant l’Iran, les États-Unis ne feraient que fragiliser ses intérêts en Irak, en Afghanistan et dans d’autres parts du Moyen-Orient. Pour faire simple, l’Amérique a tellement à perdre. Par ailleurs, le prix élevé du pétrole qui résulterait naturellement d’un tel conflit aggraverait la situation économique des États-Unis et entraverait la toute petite croissance que les États-Unis connaissent couramment. Obama ne peux pas se permettre d’aller en guerre car sa réélection dépend de l’économie américaine générant plus d’emplois pour les sans-emplois.
La raison pour la mise en place de sanctions et d’opérations clandestines en Iran est d'apaiser les inquiétudes sécuritaires israéliennes et obtenir les votes de l'électorat juif, forts nécessaires pour le gouvernement Obama à l'approche des élections américaines en novembre 2012. L’Amérique sait parfaitement que c’est la plus grande pression qu’ils peuvent exercer sur l’Iran sans renverser le régime iranien et affecter l’hégémonie régionale de l’Amérique.
En ce qui concerne l’état juif, elle nourrit toujours l’ambition d’induire l’Amérique dans une confrontation militaire avec l’Iran. Il est rapporté que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a dit au Général Martin Dempsey, le Président du Comité des chefs d’États-majors interarmées, qu’Israël préviendrait les États-Unis sous un délai de 12 heures avant qu’elle se lance pour détruire les installations nucléaires iraniennes. En conséquence, les États-Unis reporta les manœuvres militaires avec Israël (Les États-Unis irrités avec Israël qui laisse entendre une attaque unilatérale sur les sites nucléaires iraniens”, Times of India, 23 janvier 2012). L’Amérique est prudente avec Israël et elle essaye de s’assurer qu’Israël ne lance aucune attaque militaire. De l’autre coté, les européens sont enthousiastes à l’idée de soutenir secrètement Israël espérant que n’importe quelle confrontation avec l’Iran traînerait l’Amérique dans une nouvelle guerre qu’elle ne peut se permettre et que cela pourrait finalement la mettre à genoux. Cependant, l’effort européen reste timide étant donné que l’Europe est absorbée par la crise économique. Tout cela signifie qu’à moins qu’Israël obtienne un soutien de l’Europe, et en particulier des pays du CCG qui sont loyaux à la Grande-Bretagne, les chances d’une attaque militaire restent très faibles.
Il nous reste la question du moment choisi pour les tensions ajoutées à l’escalade rapide des déploiements d’armes. Les tensions entre l’Iran et l’Amérique furent accentuées en réaction au rapport de l’AIEA et cela sert deux objectifs. Premièrement, l’Amérique cherche à traiter les inquiétudes israéliennes en démontrant son sérieux à enrayer les ambitions nucléaires de l’Iran à travers l’application de sanctions et une rhétorique violente. Deuxièmement, l’Amérique se prépare à intervenir en Syrie et l’escalade de l’armement est lié en partie à cette éventualité. Le moment choisi pour l’intervention dépendra de la vitesse à laquelle les États-Unis réussiront à unifier l’opposition syrienne afin qu’elle remplace le régime de al-Assad. La Russie est tout à fait consciente des intentions américaines d’envahir la Syrie et elle a averti l’Amérique qu’elle ne soutiendrait pas une résolution de l’ONU qui autoriserait la force.
Le ministre russe des Affaires étrangère, Sergueï Lavrov, a déclaré “Si certains ont l’intention d’utiliser la force à tout prix … nous pouvons difficilement empêcher cela de se produire. Mais laissons les faire de leur propre initiative et de leur propre conscience. Ils n’obtiendront aucune autorisation du conseil de sécurité de l’ONU” (La Russie met en garde contre une action militaire en Syrie et dément toute accusation de livraison d’armes”,Washington Post Online, 18 janvier 2012). Pour dissuader les États-Unis, la Russie a envoyé des livraisons d’armes à la Syrie, a signé un accord pour des jet militaires d’une hauteur de 550 millions de dollars et a placé des navires de guerre en Syrie. L’autre raison pour inonder la région d’armes est que l’Amérique se prépare à une guerre éventuelle avec d’autres grandes puissances telles que la Russie, la Chine et l’Europe pour le contrôle de l'approvisionnement du pétrole et du gaz au Moyen-Orient. Elle se prépare aussi au retour du Khilafah et se servira de ses agents pour retarder l’unification des pays musulmans de la région.
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