Les Libyens se sont rendus aux urnes le
7 Juillet, pour élire un premier ministre, un conseil des ministres
et un pouvoir constituant qui sera chargé de rédiger une nouvelle
constitution. C’est la première fois depuis les récents
événements et depuis l'éviction de Mouammar Kadhafi.
Dans la foulée suivant la chute de
Kadhafi et de son régime, la Libye n'avait aucune autorité
politique centralisée. Le pays a encore du mal à se remettre de la
guerre contre Kadhafi qui dura de longs mois, car ni le Conseil
National de Transition (CNT), ni le gouvernement de transition formé
en Novembre 2011, n’ont jamais réellement constitué une autorité
légitime. La puissance reste entre les mains des milices armées,
mais celles-ci ne sont pas assez puissantes pour agir telle le ferait
une force militaire nationale. La communauté internationale a
longtemps considéré le CNT comme l'embryon du futur État libyen.
Les rapports des médias rapportent que l'administration
technocratique intérimaire est actuellement en négociation pour des
contrats avec des entreprises occidentales.
Depuis Novembre 2011, l’une des
priorités du CNT pour la formation d’un nouvel état est d’établir
la sécurité intérieure. La formation de l'Armée Nationale
Libyenne est censée être la pièce maîtresse de la montée du CNT
pour accomplir cette tâche, mais jusqu'à présent, toutes les
tentatives de menace sur les milices dans le but de les impressionner
et de les calmer n’ont servi à rien.
Une loi électorale en Janvier 2012 a
rendu inéligible le Conseil National de Transition, pour participer
au futur gouvernement. De ce fait, le futur gouvernement ne
contiendra ni des politiciens de l'ère Kadhafi, ni des membres du
conseil de transition, qui gardent une emprise fragile sur les
puissances régionales encore bouillonnantes.
Alors que l'Occident est intervenu
pour déloger Kadhafi, après son départ en 2011, l'occident a
abandonné la Libye, comme il a abandonné l'Afghanistan après la
défaite soviétique en 1989. La Libye est maintenant contrôlée
par un réseau de milices armées, avec de nombreux représentants de
puissantes tribus. La faiblesse du gouvernement leur permet d’agir
en toute impunité.
La régionalisation politique
Sous Kadhafi, la Libye était gouvernée
depuis Tripoli, cependant la population a été véritablement
divisée et gouvernée à partir de trois régions : la Tripolitaine
du coté ouest, la province orientale de Cyrénaïque et la région
sud du Fezzan. Pratiquement aucune infrastructure n’a été
développée pour les relier, car en effet, maintenir une division
entre ces régions était l’une des stratégies de Kadhafi.
La chute de Kadhafi a été
initialement menée depuis l'Est de Benghazi, puis s’est répandu à
travers l'ouest du pays. Beaucoup de tribus, de clans et de milices
ont travaillé de manière décentralisée pour évincer Kadhafi.
Depuis, bien qu’il y ait un gouvernement central, aussi faible
soit-il, il a été incapable d'unir le pays ou même d’effectuer
quelques fonctions gouvernementales basiques.
Ces tribus et ces clans, qui ont été
négligés et brutalement réprimés par Kadhafi, ont maintenant une
méfiance immense contre le CNT. Ceci est dû au secret de ses
membres, de ses réunions et de la distribution des revenus de
l'énergie. En conséquence, chaque groupe et chaque région en
Libye souhaite maintenir de facto une semi-autonomie (dont ils
jouissent actuellement) et aspire à résister à toutes tentatives
de démantèlement venant de l’autorité centrale, surtout si cela
signifie qu’ils devront céder le pouvoir à Tripoli.
Depuis la suppression de Kadhafi, le
CNT a été basée à Tripoli, bien que de nombreux membres, en
particulier ceux des anciens bastions rebelles, tel que Benghazi et
Misurata, continuent de travailler depuis leurs villes respectives.
Ces représentants régionaux ont maintenu des liens étroits avec
leurs communautés et leurs milices locales, en renforçant leurs
appuis par le biais de leurs positions au sein du CNT.
Pendant ce temps, il y a eu une
augmentation du soutien pour les conseils municipaux élus localement
dans les anciens bastions rebelle, où l'influence de Tripoli et les
institutions bureaucratiques détiennent très peu d'emprise. Le
conseil municipal de Benghazi a annoncé en Mars 2012, qu’il serait
prêt à prendre le contrôle des instances administratives qui
vivent au jour le jour. Les membres du conseil de Benghazi gèrent
actuellement des projets d'infrastructures locaux, de sécurités, et
tentent de régler, avec le soutien des milices locales, les
différents conflits avec ses rivaux régionaux, indépendants du
CNT.
Les plus grandes milices régionales de
la Libye sont majoritairement à Zentan, Misurata et Benghazi. Les
forces de sécurité du CNT ont été incapables d'empêcher les
attaques des milices rebelles ou de convaincre les chefs de milices
régionales à déposer les armes ou de rejoindre les forces de
sécurité du Conseil. La brigade al-Awfea s’est emparé de
l'aéroport de Tripoli le 4 Juin et a tenu jusqu’au lendemain,
lorsque le CNT a négocié une solution. Quelques mois auparavant,
en Avril, le conseil a dû sécuriser l'aéroport international, que
la milice de Zentan avait paralysé. Ceci a été le cas aussi de
l’aéroport Benita, qui était tombé sous le contrôle de Souq
al-Jomaa, une milice qui est originaire de la banlieue de Tripoli.
L'échec du gouvernement central de
présenter une vision globale pour le pays s'est traduite par une
autorité impuissante. Par conséquent, une grande partie de la
Libye s'est tournée vers la politique locale pour remettre de
l’ordre. Quel que soit le résultat de ces élections, l'Occident
à les yeux rivés sur les ressources convoitées de cette nation.
Depuis la chute de Kadhafi, le CNT, qui a dirigé le pays, a échoué
dans l'unification de la nation et dans la création d’un véritable
changement.
Celui qui sort victorieux des élections
devra poursuivre les politiques suivantes:
• Le changement constitutionnel
Incontestablement, l'écrasante
majorité de la Libye est musulmane, 99% de la population. Il est
donc naturel qu'une nouvelle constitution soit basée exclusivement
sur le Coran et la Sunna. Seul l'islam peut unir ce peuple, et non
ceux qui ont gagné la faveur de l'ancien régime, les clans et les
tribus régionales, ou encore la direction intérimaire, qui
n’apporteront pas vraiment de solutions durables.
• Représentation, la
responsabilité des dirigeants et la primauté du droit.
La constitution doit indiquer
clairement l'obligation des partis politiques (basés sur le Coran et
la Sunna) et la mise en place du Conseil de la Oummah. Ce mécanisme
servira pour la représentation du peuple, et pour demander des
comptes[aux dirigeants] aussi bien dans les désaccords, de manière
organisée et contrôlée.
• Économie, emploi et
croissance.
Les réserves de pétrole appartiennent
à la Oummah selon les règles de l'Islam sur l'aliénation des biens
publics et doivent donc être utilisé pour son développement
économique. La Libye possède 46 milliards de barils de pétrole,
soit la 8e plus grande réserve mondiale. Cette richesse pétrolière
doit être utilisée pour développer une industrie de fabrication
diversifiée, qui va créer des emplois et booster la croissance
économique.
• Indépendance de la sécurité
/ défense.
Selon la Shari'a, la souveraineté
n'existe pas, sauf si un pays ne peut sécuriser ses frontières
lui-même. Les différents groupes rebelles, les milices et les
groupes de résistance armés doivent être fusionnés en une force
militaire cohérente et ferme. L’occupation militaire occidentale
qui n’est qu’un parasite, doit être retirée.
• Les relations étrangères
établies sur des traités bilatéraux.
L’occident a utilisé les dirigeants
et les forces armées, comme des outils essentiels pou maintenir son
influence politique et économique dans la région. Chacune de leurs
œuvres doivent être détruites. Les traités bilatéraux doivent
être poursuivis. Les relations extérieures doivent être maintenu
et amélioré dans les intérêts de la nation et pour la da'wa en
suivant l'exemple du Prophète(صلى
الله
عليه
وسلم),
quand il a créé le premier Etna islamique à Médine.
Adnan Khan
8/072012
Article original : http://www.khilafah.com/index.php/analysis/africa/14201-libya-an-uncertain-future
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