lundi 30 juillet 2012

La Libye : Un avenir incertain

Les Libyens se sont rendus aux urnes le 7 Juillet, pour élire un premier ministre, un conseil des ministres et un pouvoir constituant qui sera chargé de rédiger une nouvelle constitution. C’est la première fois depuis les récents événements et depuis l'éviction de Mouammar Kadhafi.

Dans la foulée suivant la chute de Kadhafi et de son régime, la Libye n'avait aucune autorité politique centralisée. Le pays a encore du mal à se remettre de la guerre contre Kadhafi qui dura de longs mois, car ni le Conseil National de Transition (CNT), ni le gouvernement de transition formé en Novembre 2011, n’ont jamais réellement constitué une autorité légitime. La puissance reste entre les mains des milices armées, mais celles-ci ne sont pas assez puissantes pour agir telle le ferait une force militaire nationale. La communauté internationale a longtemps considéré le CNT comme l'embryon du futur État libyen. Les rapports des médias rapportent que l'administration technocratique intérimaire est actuellement en négociation pour des contrats avec des entreprises occidentales.

Depuis Novembre 2011, l’une des priorités du CNT pour la formation d’un nouvel état est d’établir la sécurité intérieure. La formation de l'Armée Nationale Libyenne est censée être la pièce maîtresse de la montée du CNT pour accomplir cette tâche, mais jusqu'à présent, toutes les tentatives de menace sur les milices dans le but de les impressionner et de les calmer n’ont servi à rien.

Une loi électorale en Janvier 2012 a rendu inéligible le Conseil National de Transition, pour participer au futur gouvernement. De ce fait, le futur gouvernement ne contiendra ni des politiciens de l'ère Kadhafi, ni des membres du conseil de transition, qui gardent une emprise fragile sur les puissances régionales encore bouillonnantes.

Alors que l'Occident est intervenu pour déloger Kadhafi, après son départ en 2011, l'occident a abandonné la Libye, comme il a abandonné l'Afghanistan après la défaite soviétique en 1989. La Libye est maintenant contrôlée par un réseau de milices armées, avec de nombreux représentants de puissantes tribus. La faiblesse du gouvernement leur permet d’agir en toute impunité.

La régionalisation politique

Sous Kadhafi, la Libye était gouvernée depuis Tripoli, cependant la population a été véritablement divisée et gouvernée à partir de trois régions : la Tripolitaine du coté ouest, la province orientale de Cyrénaïque et la région sud du Fezzan. Pratiquement aucune infrastructure n’a été développée pour les relier, car en effet, maintenir une division entre ces régions était l’une des stratégies de Kadhafi.

La chute de Kadhafi a été initialement menée depuis l'Est de Benghazi, puis s’est répandu à travers l'ouest du pays. Beaucoup de tribus, de clans et de milices ont travaillé de manière décentralisée pour évincer Kadhafi. Depuis, bien qu’il y ait un gouvernement central, aussi faible soit-il, il a été incapable d'unir le pays ou même d’effectuer quelques fonctions gouvernementales basiques.

Ces tribus et ces clans, qui ont été négligés et brutalement réprimés par Kadhafi, ont maintenant une méfiance immense contre le CNT. Ceci est dû au secret de ses membres, de ses réunions et de la distribution des revenus de l'énergie. En conséquence, chaque groupe et chaque région en Libye souhaite maintenir de facto une semi-autonomie (dont ils jouissent actuellement) et aspire à résister à toutes tentatives de démantèlement venant de l’autorité centrale, surtout si cela signifie qu’ils devront céder le pouvoir à Tripoli.

Depuis la suppression de Kadhafi, le CNT a été basée à Tripoli, bien que de nombreux membres, en particulier ceux des anciens bastions rebelles, tel que Benghazi et Misurata, continuent de travailler depuis leurs villes respectives. Ces représentants régionaux ont maintenu des liens étroits avec leurs communautés et leurs milices locales, en renforçant leurs appuis par le biais de leurs positions au sein du CNT.

Pendant ce temps, il y a eu une augmentation du soutien pour les conseils municipaux élus localement dans les anciens bastions rebelle, où l'influence de Tripoli et les institutions bureaucratiques détiennent très peu d'emprise. Le conseil municipal de Benghazi a annoncé en Mars 2012, qu’il serait prêt à prendre le contrôle des instances administratives qui vivent au jour le jour. Les membres du conseil de Benghazi gèrent actuellement des projets d'infrastructures locaux, de sécurités, et tentent de régler, avec le soutien des milices locales, les différents conflits avec ses rivaux régionaux, indépendants du CNT.

Les plus grandes milices régionales de la Libye sont majoritairement à Zentan, Misurata et Benghazi. Les forces de sécurité du CNT ont été incapables d'empêcher les attaques des milices rebelles ou de convaincre les chefs de milices régionales à déposer les armes ou de rejoindre les forces de sécurité du Conseil. La brigade al-Awfea s’est emparé de l'aéroport de Tripoli le 4 Juin et a tenu jusqu’au lendemain, lorsque le CNT a négocié une solution. Quelques mois auparavant, en Avril, le conseil a dû sécuriser l'aéroport international, que la milice de Zentan avait paralysé. Ceci a été le cas aussi de l’aéroport Benita, qui était tombé sous le contrôle de Souq al-Jomaa, une milice qui est originaire de la banlieue de Tripoli.

L'échec du gouvernement central de présenter une vision globale pour le pays s'est traduite par une autorité impuissante. Par conséquent, une grande partie de la Libye s'est tournée vers la politique locale pour remettre de l’ordre. Quel que soit le résultat de ces élections, l'Occident à les yeux rivés sur les ressources convoitées de cette nation. Depuis la chute de Kadhafi, le CNT, qui a dirigé le pays, a échoué dans l'unification de la nation et dans la création d’un véritable changement.

Celui qui sort victorieux des élections devra poursuivre les politiques suivantes:

Le changement constitutionnel
Incontestablement, l'écrasante majorité de la Libye est musulmane, 99% de la population. Il est donc naturel qu'une nouvelle constitution soit basée exclusivement sur le Coran et la Sunna. Seul l'islam peut unir ce peuple, et non ceux qui ont gagné la faveur de l'ancien régime, les clans et les tribus régionales, ou encore la direction intérimaire, qui n’apporteront pas vraiment de solutions durables.

Représentation, la responsabilité des dirigeants et la primauté du droit.
La constitution doit indiquer clairement l'obligation des partis politiques (basés sur le Coran et la Sunna) et la mise en place du Conseil de la Oummah. Ce mécanisme servira pour la représentation du peuple, et pour demander des comptes[aux dirigeants] aussi bien dans les désaccords, de manière organisée et contrôlée.

Économie, emploi et croissance.
Les réserves de pétrole appartiennent à la Oummah selon les règles de l'Islam sur l'aliénation des biens publics et doivent donc être utilisé pour son développement économique. La Libye possède 46 milliards de barils de pétrole, soit la 8e plus grande réserve mondiale. Cette richesse pétrolière doit être utilisée pour développer une industrie de fabrication diversifiée, qui va créer des emplois et booster la croissance économique.

Indépendance de la sécurité / défense.
Selon la Shari'a, la souveraineté n'existe pas, sauf si un pays ne peut sécuriser ses frontières lui-même. Les différents groupes rebelles, les milices et les groupes de résistance armés doivent être fusionnés en une force militaire cohérente et ferme. L’occupation militaire occidentale qui n’est qu’un parasite, doit être retirée.

Les relations étrangères établies sur des traités bilatéraux.
L’occident a utilisé les dirigeants et les forces armées, comme des outils essentiels pou maintenir son influence politique et économique dans la région. Chacune de leurs œuvres doivent être détruites. Les traités bilatéraux doivent être poursuivis. Les relations extérieures doivent être maintenu et amélioré dans les intérêts de la nation et pour la da'wa en suivant l'exemple du Prophète(صلى الله عليه وسلم), quand il a créé le premier Etna islamique à Médine.

Adnan Khan 
8/072012

Article original : http://www.khilafah.com/index.php/analysis/africa/14201-libya-an-uncertain-future


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